Le cadre de la chapelle
Le quartier d’Aurifeuille1 à Saint-Michel l’Observatoire, tout près du parking de l’observatoire, sur un petit plateau dominant, comme souvent quand il s’agit de chapelles Saint-Jean. Elle vous accueille par une allée de tilleuls, une petite fontaine qui devait désaltérer les pélerins et quelques chênes préservés du feu des charbonniers grâce à un amoureux des arbres.
D’Aurifeuille, site occupé au néolithique, la tradition populaire y a placé une fabrique d’armes gauloises en bronze. D’autres traces d’occupation dès l’antiquité y ont été trouvées. Vers 1045, on trouve un hameau, villa de Fuzilis dont il ne reste aujourd’hui que la chapelle. De nombreuses tombes truffent le sous-sol alentour. Le site a peut-être été occupé jusqu’au Haut-Moyen-âge, ce qui expliquerait la création du prieuré rural médiéval qui jouxte la chapelle.
La chapelle Saint-Jean-de-Fuzils date du XIIè siècle
Raymond Collier, ancien archiviste des Alpes de Haute-Provence pense que les « …des éléments archaïsants : fenêtre axiale, corniche soutenue par des consoles ornées d’enroulements spiraliformes incitent à placer la chapelle vers le début du siècle ». Géraldine Bérard et Guy Barruol confortent cette hypothèse à cause de l’absence de contreforts et de voûte. Son abside voûtée en cul-de-four, coiffée de lauzes, est sûrement plus ancienne. Son autel est constitué d’une table en pierre posée sur des colonnettes préromanes à chapiteaux cubiques. L’abside est légèrement dissymétrique. Elle est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.
La façade porte la date de 1783 correspondant à la date de sa réfection. Dans le bois gravé au-dessus de la porte, l’inscription en latin contient une faute d’orthographe mais se comprend fort bien : « Sancte Joanne Bapti(s)ta ora pro nobis ». La porte extérieure de l’ermitage porte une élégante accolade à trois pointes.
L’ermitage
Appartenant d’abord à l’abbaye de Saint-Victor, au XIIè siècle, Saint-Jean de Fodils ou de Fusilis comptait, parmi les possessions de l’abbaye de Saint-André de Villeneuve-les-Avignon, tout comme l’église paroissiale Saint-André, le prieuré de Salagon à Mane et Notre-Dame de Châteauneuf.
Depuis une porte située à l’intérieur de la chapelle, on accède à l’ancien ermitage qui accueillit aussi bien des religieux que des laïcs, jusque vers 1850 . L’ermite faisait la cuisine en bas et dormait à l’étage. L’association a reconstitué avec beaucoup de réalisme l’environnement du dernier ermite : rideaux de coton épais, lit et table de bois, chapelet et missel, et même les ventouses pour se soigner ! Dans une niche du couloir d’accès à l’étage, un peu de matériel pour se laver.
Suite à des recherches aux archives, l’amie qui nous organise la visite, a retrouvé la trace d’un ermite, simple laïc, se nommant Jacques Rochon. Sa mère s’appelait Anne-Marie de Bosque et son père Jean-Baptiste Rochon. Son frère Gabriel était prêtre. Son père est mort en 1690 et sa mère en 1703. Il serait enterré ici.
Restauration
Très attachés à leur chapelle, les habitants ont collecté durant 30 ans l’argent nécessaire à la fabrication de la cloche. Le clocher a été installé dès le projet commencé vers 1840 mais la cloche n’a pu être placée que 30 ans après !
Pour entendre l’excellente sonorité de la cloche (format WMV)
Une réplique de Notre Dame de Fourvière trône désormais sur l’autel. La chapelle a été restaurée par les Amis de Saint-Jean vers 1980. En effet, l’abside menaçait de s’écrouler en 1978 et la municipalité n’avait pas les moyens d’entreprendre les travaux. Parmi les nombreux donateurs, un artiste a fait cadeau à l’association du vitrail de la fenêtre du fond ; l’association a ensuite acheté les matériaux pour les deux autres vitraux.
La tradition de procession autour de la Saint-Jean, est maintenue mais l’effort des pèlerins est désormais très limité puisque le cortège part du parking de l’observatoire et non du village.
Bibliographie
La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, Imprimerie Louis Jean, 1986
Carte archéologique de la Gaule, 04, Géraldine Bérard, Guy Barruol, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1997
Pays de Lure Forcalquier Manosque, P. Ollivier-Elliott, Edisud, 2000
1aurifeuille : viendrait de la couleur des feuilles en automne ou du vent (auro en provençal) ou de paillettes d’or que l’on trouvait encore vers 1960.