Petit cours de toponymie provençale 2

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Certains randonneurs préparent leurs sorties à l’aide d’un logiciel de cartographie et d’un gps. D’autres préfèrent continuer à utiliser une carte « papier ». Quelle que soit la méthode adoptée, l’utilisateur est parfois confronté à une terminologie locale dont le sens lui échappe le privant ainsi d’une importante information. Je vous propose une série d’articles qui vous expliqueront le sens de certains toponymes que vous avez souvent l’occasion de rencontrer au cours de vos balades.

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Bastide, grange

BastideEn Provence, une bastide est une ferme isolée ou un groupe de fermes constituant un hameau. Le sens a évolué pour désigner aujourd’hui une maison de campagne. Son équivalent montagnard est La Bâtie. Une petite bastide est une bastidonne.
La Bastide, Les Bastides Blanches, La Bastide Neuve, etc

Dans le nord de la Provence, on emploie davantage le mot grange qui a le même sens mais pas celui qu’on lui donne en français (un lieu où on remise le foin). En provençal, c’est tout simplement une ferme. La Grange Neuve, Les Granges, Les Grangettes, etc

Castel, castellas

CastellasUn castel est un château. Son diminutif est castelet. Son augmentatif castelar désigne un château-fort. De nombreuses communes portent ce nom : Le Castellet, Castélar, Castellet-lès-Luberon, Castellane, La Castelette, etc

Un castellas est un château en ruines (les ruines du castellas constitue donc un pléonasme). Il existe aussi le terme castelaras qui désigne un château-fort en ruines plus important que le simple castellas. En Haute-Provence, on trouve Les Chastellas.

Défens

DefensAutrefois, la plupart des communes rurales avait son défens. C’était un pré ou un bois collectif « en interdiction » pour éviter la sur-exploitation et les dégradations causées par les troupeaux. C’était généralement une parcelle de terrain de quelques kilomètres carrés située sur un versant de colline bien exposé au soleil et boisé. Le mot existe en français. Sa forme provençale est devens (ou devès en Haute-Provence).
Le Petit Défens, Le Grand Défens, Montagne du Défens, Le Dévès, Les Dévens, etc

Pied, pié, pey

Pied, pei, peyTous ces mots désignent une hauteur, une colline, comme le mot « colle » mais pied est une mauvaise traduction en français des deux autres. Le mot français équivalent est puy. On rencontre aussi puech, le ch final étant une forme provençale archaïque. On trouve pié ou pey dans de nombreux noms de lieux-dits. Parfois même sous la forme pi ou . Ils sont présents dans certains noms de communes :
pey : Peypin, Peynier, Peyruis
pui : Puimichel, Puimoisson
puy : Puyloubier, Puyricard

Près de Manosque, une colline est appelée le « Pimayon ». Son nom exact est « pei mayor » le sommet majeur ou principal car plus élevé que les autres situés dans son voisinage.

Une mauvaise traduction en français donne parfois des résultats aberrants comme cette « plaine du Poissonnier » au-dessus de Moustiers-Sainte-Marie dans les gorges du Verdon. D’abord, ce n’est pas une plaine mais une colline, ensuite, son vrai nom est « pey saunié » le mont du sel !

Font, foux

Font désigne une source. On le trouve parfois sous la forme fouent ou fouant : La Font, Font-Michel, Font-Chaude, Font Blanche et aussi le célèbre village de Fontvieille. Le mot est parfois amalgamé à un adjectif : Foncabrette. Une source à fort débit prend le nom de foux (prononcé fous en provençal) : La Foux, La Foux d’Allos, etc

Riou, riaille

Riou, riailleUne source peut donner naissance à un ruisseau c’est à dire à un riou ou une riaille. Riou est l’équivalent du mot français « ru » (bien connu des cruciverbistes !) et de « rio » en espagnol. On peut le touver sous différentes orthographes : rieu, rioux, rioulas (augmentatif). Il est à l’origine de certains noms de lieux tels que : Le Riou Blanc, Le Rieu froid, Le Riou du Pont, etc

Riaille à la même origine latine que riou. La forme masculine riau se retrouve souvent en français sous le nom Réal sans que l’on comprenne le rapport avec le sens « royal » que ce mot a en français. Le Réal est le nom du ruisseau qui passe à Jouques. Près de Banon, une rivière se nomme tout simplement : la Riaille.

Source

Je recommande la lecture de :

Petit dictionnaire des Lieux-dits en Provence, Philippe Blanchet, Edition Librairie Contemporaine. 2003

Les murs à abeilles de Provence

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Miel de ProvenceLe miel est connu depuis les temps préhistoriques et les hommes en ont toujours consommé. Seul produit sucrant connu pendant longtemps (en dehors de quelques fruits sucrés tels le raisin, la datte, la figue), le miel a toujours fait partie des productions agricoles traditionnelles avant qu’il ne soit détrôné par l’usage du sucre de canne avec la découverte de l’Amérique et concurrencé au XIXe siècle par le sucre de betterave.

Les ruches naturelles

Les premiers murs à abeilles ont été faits par la nature elle-même. Les insectes construisent leurs rayons de cire dans les anfractuosités des rochers où ils trouvent les conditions idéales à leur installation. On a retrouvé de tels murs dans des grottes datant du Néolithique en Espagne, en Rhodésie et au Népal. Plus près de chez nous, c’est le cas du Rocher de Cire près de Monieux, des gorges de la Nesque, de la Barre des Abeilles dans les falaises du ravin de Tallagard à Salon-de-Provence.

Barre rocheuseRuche naturelle

Illustrations : en haut, barre rocheuse propice à l’installation de ruches naturelles, en bas, ruche naturelle dans une paroi rocheuse.

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Antoine Sartorio, sculpteur

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Antoine Sartorio est l’un de nos plus grands sculpteurs du XXe siècle. Il nous a laissé une abondante production dont une bonne partie dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit cet article.

Le soldat-sculpteur

pierre_perc__e.jpgAntoine Sartorio est né à Menton en 1885. Il a passé la fin de sa vie à Jouques où il est mort en 1988. Enrôlé comme simple soldat pendant la Première Guerre Mondiale, Antoine Sartorio imagine très tôt des sujets à la gloire des troupes françaises combattantes. Il réalise notamment le bas-relief Aux Morts glorieux, pour la patrie et l’Humanité à Senones (Vosges) et un autre à Pierre Percée intitulé Pour la France sur lequel il représente les soldats du 363e régiment d’infanterie auquel il est incorporé. En 1919, sa renommée de sculpteur de la Grande Guerre est telle qu’il est chargé de réaliser le cénotaphe des fêtes de la Victoire du 14 juillet 1919.

Le sculpteur monumental

Après la guerre, Antoine Sartorio entame une longue carrière de sculpteur notamment pour la réalisation de monuments commémoratifs commandés par l’Etat et de monuments aux morts pour les communes. Ses thèmes préférés qui lui valent l’engouement du public sont les lauriers de la victoire et les figures féminines allégoriques évoquant la victoire de 1918.

Mais Antoine Sartorio ne se cantonne pas à la sculpture commémorative. Il réalise aussi des bas-reliefs et des frises sur des ouvrages d’art de l’État et des bâtiments administratifs. Il a aussi représenté des thèmes religieux et réalisé des bustes et des bronzes.

« L’oeuvre d’Antoine Sartorio intéresse surtout la période entre deux guerres. Il incarne parfaitement ces artistes des années trente qui sont épris d’art monumental et qui travaillent en étroite collaboration avec les architectes. Ses recherches se font toujours sur le plan de l’architecture et de la symbolique. Son style Art Déco allie des lignes très pures et des volumes qui évoluent vers la géométrisation. » D’après Violaine Ménard-Kiener, petite fille d’Antoine Sartorio (ouvrage cité en référence)

Antoine Sartorio a notamment travaillé avec les architectes Gaston Castel et Paul Tournon.

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