Certains randonneurs préparent leurs sorties à l’aide d’un logiciel de cartographie et d’un gps. D’autres préfèrent continuer à utiliser une carte « papier ». Quelle que soit la méthode adoptée, l’utilisateur est parfois confronté à une terminologie locale dont le sens lui échappe le privant ainsi d’une importante information. Je vous propose une série d’articles qui vous expliqueront le sens de certains toponymes que vous avez souvent l’occasion de rencontrer au cours de vos balades.
En Provence, une bastide est une ferme isolée ou un groupe de fermes constituant un hameau. Le sens a évolué pour désigner aujourd’hui une maison de campagne. Son équivalent montagnard est La Bâtie. Une petite bastide est une bastidonne.
La Bastide, Les Bastides Blanches, La Bastide Neuve, etc
Dans le nord de la Provence, on emploie davantage le mot grange qui a le même sens mais pas celui qu’on lui donne en français (un lieu où on remise le foin). En provençal, c’est tout simplement une ferme. La Grange Neuve, Les Granges, Les Grangettes, etc
Un castel est un château. Son diminutif est castelet. Son augmentatif castelar désigne un château-fort. De nombreuses communes portent ce nom : Le Castellet, Castélar, Castellet-lès-Luberon, Castellane, La Castelette, etc
Un castellas est un château en ruines (les ruines du castellas constitue donc un pléonasme). Il existe aussi le terme castelaras qui désigne un château-fort en ruines plus important que le simple castellas. En Haute-Provence, on trouve Les Chastellas.
Autrefois, la plupart des communes rurales avait son défens. C’était un pré ou un bois collectif « en interdiction » pour éviter la sur-exploitation et les dégradations causées par les troupeaux. C’était généralement une parcelle de terrain de quelques kilomètres carrés située sur un versant de colline bien exposé au soleil et boisé. Le mot existe en français. Sa forme provençale est devens (ou devès en Haute-Provence).
Le Petit Défens, Le Grand Défens, Montagne du Défens, Le Dévès, Les Dévens, etc
Tous ces mots désignent une hauteur, une colline, comme le mot « colle » mais pied est une mauvaise traduction en français des deux autres. Le mot français équivalent est puy. On rencontre aussi puech, le ch final étant une forme provençale archaïque. On trouve pié ou pey dans de nombreux noms de lieux-dits. Parfois même sous la forme pi ou pé. Ils sont présents dans certains noms de communes :
pey : Peypin, Peynier, Peyruis
pui : Puimichel, Puimoisson
puy : Puyloubier, Puyricard
Près de Manosque, une colline est appelée le « Pimayon ». Son nom exact est « pei mayor » le sommet majeur ou principal car plus élevé que les autres situés dans son voisinage.
Une mauvaise traduction en français donne parfois des résultats aberrants comme cette « plaine du Poissonnier » au-dessus de Moustiers-Sainte-Marie dans les gorges du Verdon. D’abord, ce n’est pas une plaine mais une colline, ensuite, son vrai nom est « pey saunié » le mont du sel !
Font désigne une source. On le trouve parfois sous la forme fouent ou fouant : La Font, Font-Michel, Font-Chaude, Font Blanche et aussi le célèbre village de Fontvieille. Le mot est parfois amalgamé à un adjectif : Foncabrette. Une source à fort débit prend le nom de foux (prononcé fous en provençal) : La Foux, La Foux d’Allos, etc
Une source peut donner naissance à un ruisseau c’est à dire à un riou ou une riaille. Riou est l’équivalent du mot français « ru » (bien connu des cruciverbistes !) et de « rio » en espagnol. On peut le touver sous différentes orthographes : rieu, rioux, rioulas (augmentatif). Il est à l’origine de certains noms de lieux tels que : Le Riou Blanc, Le Rieu froid, Le Riou du Pont, etc
Riaille à la même origine latine que riou. La forme masculine riau se retrouve souvent en français sous le nom Réal sans que l’on comprenne le rapport avec le sens « royal » que ce mot a en français. Le Réal est le nom du ruisseau qui passe à Jouques. Près de Banon, une rivière se nomme tout simplement : la Riaille.
Je recommande la lecture de :
Petit dictionnaire des Lieux-dits en Provence, Philippe Blanchet, Edition Librairie Contemporaine. 2003