Les Demoiselles coiffées de Théus

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Dans le sud de la France, dans le département des Hautes-Alpes, près du village de Théus, se trouve un site géologique spectaculaire appelé : « Les Demoiselles coiffées de Théus ». Ces demoiselles sont des formations géologiques dues à l’érosion de couches sédimentaires d’origine fluvio-glaciaire. On les appelle aussi « cheminées des fées ».

Deux théories en présence

Demoiselles coifféesIl existe de nombreux exemples de formation de cheminées des fées dans le monde mais toutes n’ont pas la même origine et n’ont pas été formées de la même manière.  A Théus, les Demoiselles coiffées ont une origine fluvio-glaciaire contrairement à d’autres sites dans le monde qui ont une origine volcanique (comme les cheminées des fées de Cappadoce en Turquie).

Demoiselles coifféesDeux théories s’affrontent pour expliquer la formation des cheminées de fées dans un environnement fluvio-glaciaire. Selon la théorie classique, les cheminées sont le résultat de l’action de la pluie qui entraine les matériaux constituant l’ancienne moraine à l’exception de la partie située sous de gros rochers de pierre dure qui protègent les sédiments de la pluie et exercent sur eux une pression telle qu’ils les compactent de sorte que ces sédiments résistent mieux à l’action érosive de la pluie et du ruissellement.

Demoiselles coifféesCertains géologues pensent que la pression exercée par le rocher sur les couches inférieures est quasiment nulle et que la protection contre la pluie offerte par le rocher est insuffisante pour expliquer la formation des cheminées. Selon eux, la présence du rocher empêche la remontée capillaire des eaux ce qui favorise le dépôt de leur charge minérale et provoque la cimentation des sédiments situés sous le bloc rocheux. Dans ce cas, l’érosion ne construirait pas les cheminées au fur et à mesure que le ruissellement des eaux dégage les sédiments mais ne ferait que dégager des colonnes déjà formées et solidifiées par cristallisation.

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Le Grand et le Petit Laoucien

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Un phénomène géologique étrange

Le Grand LaoucienDans le sud de la Provence verte, dans la vallée de l’Issole, entre La Roquebrussanne et Garéoult, dans le département du Var, on peut observer deux étranges formations géologiques appelées « Grand et Petit Laoucien ».

D’après papyfred de Géoforum, « laoucien » (avec un c et non pas avec un t comme on le voit écrit parfois) proviendrait de lau (prononcer laou), qui signifie lac en provençal et de cien-ciencho un qualificatif signifiant contenu, enclos. Un laoucien est donc « un lac enclos ». Pourquoi enclos ?

Lorsqu’on découvre le site du Grand Laoucien pour la première fois, on est frappé par la présence de cet énorme trou au milieu de la campagne dont rien ne permettait de supposer l’existence. Le fond de ce trou étant rempli d’eau, on a l’impression de voir un lac enfermé par de hautes parois formant une sorte de cratère.

Des lacs de dolines

Le Grand LaoucienEn réalité, il n’en est rien et les deux Laouciens ne doivent rien à un quelconque phénomène volcanique. Le bassin de la Roquebrussanne est une vaste dépression, entourée de massifs calcaires et dolomitiques (Massif de l’Agnis, Montagne de la Loube, Pilon de Saint-Clément). Cette dépression est le résultat de l’évidement au cours de l’ère Tertiaire de terrains remontant au Trias. Ces terrains, fortement plissés, sont constitués de calcaires et de dolomies comme les massifs environnants mais aussi de marnes et d’argiles avec des lentilles de gypse et d’anhydrite. La dissolution de ces roches sulfatées produit des effondrements.

Le Grand LaoucienLa présence dans la région de sources riches en sulfates et en chlorures témoigne de cette dissolution (source Saint-Médard près de Garéoult). Elle se traduit par des phénomènes d’effondrement subits. Ce phénomène n’est pas localisé à la région de la Roquebrussanne. On en trouve dans tout le département du Var (dolines des Pesquiers, clapes de la vallée de la Nartuby, Gourgs Bénis à Bras, etc).

Situées au pied de la Montagne de la Loube, le Grand et le Petit Laoucien sont deux dolines d’effondrement dues à la présence dans le sous-sol de cavités instables résultant de la dissolution du gypse et du sel contenus dans des couches géologiques datées du Trias moyen (appelé aussi Muschelkalk wikipedia anglais).

La particularité des laouciens est que la cavité résultant de l’effondrement des couches sédimentaires s’ouvre sur la nappe phréatique au lieu de se contenter d’engloutir une maison ou d’avaler une portion de route comme cela arrive parfois.

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La formation des Mourres

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Des rochers aux formes étranges

Les MourresEntre Forcalquier et Fontienne, dans les Alpes de Haute-Provence, on peut observer un ensemble de rochers aux formes étranges : c’est le site des « Mourres ». Si vous avez fait la balade proposée par randomania, vous n’avez pu qu’être frappés par l’aspect fantastique de ces rochers qui semblent être sortis de terre tels des champignons ! Vous vous êtes certainement interrogés sur leur origine et la façon dont ils se sont formés. Le sujet est complexe et a divisé les spécialistes eux-mêmes car, comme nous allons le voir, le site des Mourres est unique au monde, c’est à dire qu’il n’existe nulle part ailleurs un site équivalent qui serait le résultat d’un phénomène géologique identique.

Mais d’abord, il faut tordre le cou à une légende qui voudrait que ces rochers n’aient été formés que par l’action de la pluie et du vent qui se jouant des différences de dureté entre les roches aurait façonné ces formes étonnantes. Nous ne sommes pas, non plus, en présence d’un phénomène karstique comme à Montpellier-le-Vieux où la dissolution du calcaire par les eaux de ruissellement a créé un chaos de rochers aux formes les plus diverses.

Des rochers en forme de champignonsLe « découvreur » des rochers des Mourres, en tant que phénomène géologique, est Wilfrid Kilian, un des trois fondateurs de la géologie alpine (les deux autres étant Charles Lory et Pierre Termier), qui les décrivit le premier et tenta d’expliquer leur formation dans une thèse parue en 1899. Selon lui, la forme de ces rochers était due à une érosion différentielle du calcaire irrégulièrement imprégné de silice (La silice est une roche dure alors que le calcaire est une roche tendre).

C’était à la fin du XIXe siècle, on a fait de nouvelles observations depuis. J’éviterai dans cet article tout terme « savant », c’est à dire ceux qu’utilisent les géologues, pour m’en tenir à un langage simple et clair afin de mieux rendre compte du phénomène. Je vous passe donc les explications scientifiques pour aller à l’essentiel.

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