Il n’existe aucun document historique pouvant nous éclairer sur l’origine de l’étoile de Moustiers. On ne sait ni par qui, ni quand, ni pourquoi fut installée au dessus du village au bout d’une chaîne la première étoile. Car, il y eut plusieurs étoiles au cours des siècles, celle que nous admirons aujourd’hui ne brille dans le ciel de Moustiers que depuis 1957.
La première mention de l’étoile de Moustiers dans les écrits d’un historien remonte à l’année 1636. Elle est due à la plume de Simon Bartel qui était prêtre et qui attribuait l’initiative de la chaîne à un chevalier de Rhodes (Chronique des évêques de Riez). Version contestée par l’abbé Féraud, historien reconnu, auteur d’une magistrale Histoire des Basses-Alpes et davantage digne de confiance que le précédent.
En 1756, l’abbé Jean Salomé (ou Solomé), historien de Moustiers où il était né avoue son ignorance et regrette de n’avoir rien à dire à son sujet : « Il est bien désagréable, j’ose même dire il est honteux à nous de ne pouvoir rien dire à notre jeunesse, ni aux étrangers qui passent à Moustiers, sur la véritable raison et origine de la chaîne, ni sur son époque » (Mémoire historique sur la ville de Moustiers)
En 1780, l’abbé Jean-Pierre Papon, historien réputé, n’en sait pas davantage. (Histoire de Provence)
Lorsque l’histoire fait défaut, elle laisse la place à l’imaginaire c’est à dire aux hypothèses, aux légendes et aux interprétations les plus diverses. Jacques Lecugy, un passionné de l’histoire de Moustiers, qui collabore à la revue Verdons, a compté dix-sept versions expliquant l’origine de l’étoile de Moustiers !
Dans ces divers récits, figurent des seigneurs ayant combattu les Sarrasins en Provence ou en Terre Sainte, de nobles dames, des histoires d’amour impossibles entre jeunes gens appartenant à des familles rivales, les Rois Mages, l’Ordre des Chevaliers de l’Etoile créée par Jean Le Bon, ou tout simplement la municipalité du village qui aurait placé cet ex-voto en remerciement d’un voeu exaucé au bénéfice de la population.
Parmi ces dix-sept versions figure naturellement celle de Frédéric Mistral évoquant le souvenir d’un seigneur de la famille Blacas ayant combattu en Terre Sainte lors de la septième croisade. Monsieur Mistral n’était pas historien mais poète ce qui l’autorisait à écrire en toute liberté ce qui lui faisait plaisir, mais, comme il était un écrivain reconnu, ayant obtenu le prix Nobel de littérature en 1904, on décida que sa version était la bonne et on en fit la version « officielle » celle que l’on sert aux touristes et aux amateurs de légendes peu regardants sur la réalité historique des faits.