Les Demoiselles coiffées de Théus

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Dans le sud de la France, dans le département des Hautes-Alpes, près du village de Théus, se trouve un site géologique spectaculaire appelé : « Les Demoiselles coiffées de Théus ». Ces demoiselles sont des formations géologiques dues à l’érosion de couches sédimentaires d’origine fluvio-glaciaire. On les appelle aussi « cheminées des fées ».

Deux théories en présence

Demoiselles coifféesIl existe de nombreux exemples de formation de cheminées des fées dans le monde mais toutes n’ont pas la même origine et n’ont pas été formées de la même manière.  A Théus, les Demoiselles coiffées ont une origine fluvio-glaciaire contrairement à d’autres sites dans le monde qui ont une origine volcanique (comme les cheminées des fées de Cappadoce en Turquie).

Demoiselles coifféesDeux théories s’affrontent pour expliquer la formation des cheminées de fées dans un environnement fluvio-glaciaire. Selon la théorie classique, les cheminées sont le résultat de l’action de la pluie qui entraine les matériaux constituant l’ancienne moraine à l’exception de la partie située sous de gros rochers de pierre dure qui protègent les sédiments de la pluie et exercent sur eux une pression telle qu’ils les compactent de sorte que ces sédiments résistent mieux à l’action érosive de la pluie et du ruissellement.

Demoiselles coifféesCertains géologues pensent que la pression exercée par le rocher sur les couches inférieures est quasiment nulle et que la protection contre la pluie offerte par le rocher est insuffisante pour expliquer la formation des cheminées. Selon eux, la présence du rocher empêche la remontée capillaire des eaux ce qui favorise le dépôt de leur charge minérale et provoque la cimentation des sédiments situés sous le bloc rocheux. Dans ce cas, l’érosion ne construirait pas les cheminées au fur et à mesure que le ruissellement des eaux dégage les sédiments mais ne ferait que dégager des colonnes déjà formées et solidifiées par cristallisation.

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Lagremuse, le village qui ne voulait pas mourir

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Du village à la commune

Lagremuse est aujourd’hui un village fantôme dont les derniers pans de murs s’accrochent désespérément à l’éperon rocheux qui le vit naître. Qu’en restera-t-il dans quelques décennies ? Combien de temps encore luttera-t-il dans ce combat perdu d’avance contre le temps et les intempéries avant de redevenir un désert minéral de pierres ?

Cette ténacité des éléments n’a d’égale que celle de ses anciens habitants qui luttèrent pour conserver au village son statut de commune. Combat perdu d’avance aussi mais qui a duré près d’un siècle !

La commune de Lagremuse est née le 19 mars 1790 à 10 heures du matin et fusionna avec celle du Chaffaut le 12 décembre 1887. Entre ces deux dates, que de péripéties, que de luttes pour conserver le plus longtemps possible le statut tant convoité de commune pour ce qu’il représente de prestige, d’autorité et d’autonomie pour une communauté villageoise si petite soit-elle !

En 1790, dans l’euphorie que suscita la création des communes au sein des nouveaux cantons et districts suite à la création des départements, nombre de petits villages, voire de simples hameaux, firent valoir leur droit de se voir érigés au rang de communes. Le pouvoir, si modeste soit-il, que conférait ce statut suffisait pour pousser des villageois à tenir tête à l’administration pour exiger leur dû. C’est ainsi que cela se passa pour Lagremuse comme pour bien d’autres villages du département.

Sur les 260 communes que compta le département des Basses-Alpes au cours de son histoire, il n’en reste plus que 200 aujourd’hui.

Le premier maire de Lagremuse se nommait Etienne Aubert. Il fut élu avec onze voix. Joseph Meynier fut élu officier municipal avec quatre voix ainsi que Dominique Manent avec trois voix. Laurent Bodoly, avec neuf voix, fut nommé procureur de la commune. On élit également six notables ce qui porta le nombre d’élus à dix pour administrer une commune de moins de 100 habitants (74 au recensement de 1793) et qui ne comptait que dix-sept « citoyens actifs » (donc votants).

citoyen actif : français majeur de 25 ans, domicilié depuis un an dans le canton et payant des contributions directes valant trois journées de travail.

Une volonté de réforme

Devant cette pléthore de communes minuscules, l’assemblée administrative du département décide de mettre en place une réforme visant à regrouper les communes entre elles en réunissant les communes les plus petites (celles qui comptent moins de 50 citoyens actifs) aux communes plus importantes les plus proches (arrêté du 12 décembre 1790).

Plus de deux siècles plus tard, cette réforme ne semble toujours pas achevée puisque la commune d’Archail ne compte, aujourd’hui, que sept habitants !

Trente-huit communes du département sont concernées par cet arrêté. Lagremuse en fait partie. Mais, ces municipalités condamnées à disparaître font de la résistance. D’abord, en ne répondant pas à la demande de l’arrêté de choisir avec quelle commune elles désirent se réunir. Ensuite, en ne donnant pas suite aux enquêtes faites préalablement à cette réunion.

Devant ce manque d’empressement des municipalités à se mettre en accord avec la loi, le préfet envoie, le 22 décembre 1790, à chaque commune, une lettre de mise en demeure. Comme bien d’autres, les représentants municipaux de Lagremuse restent sourds à ces injonctions et leur village continue sa vie de commune.

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