Antoine Sartorio, sculpteur

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Antoine Sartorio est l’un de nos plus grands sculpteurs du XXe siècle. Il nous a laissé une abondante production dont une bonne partie dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. C’est la raison pour laquelle j’ai écrit cet article.

Le soldat-sculpteur

pierre_perc__e.jpgAntoine Sartorio est né à Menton en 1885. Il a passé la fin de sa vie à Jouques où il est mort en 1988. Enrôlé comme simple soldat pendant la Première Guerre Mondiale, Antoine Sartorio imagine très tôt des sujets à la gloire des troupes françaises combattantes. Il réalise notamment le bas-relief Aux Morts glorieux, pour la patrie et l’Humanité à Senones (Vosges) et un autre à Pierre Percée intitulé Pour la France sur lequel il représente les soldats du 363e régiment d’infanterie auquel il est incorporé. En 1919, sa renommée de sculpteur de la Grande Guerre est telle qu’il est chargé de réaliser le cénotaphe des fêtes de la Victoire du 14 juillet 1919.

Le sculpteur monumental

Après la guerre, Antoine Sartorio entame une longue carrière de sculpteur notamment pour la réalisation de monuments commémoratifs commandés par l’Etat et de monuments aux morts pour les communes. Ses thèmes préférés qui lui valent l’engouement du public sont les lauriers de la victoire et les figures féminines allégoriques évoquant la victoire de 1918.

Mais Antoine Sartorio ne se cantonne pas à la sculpture commémorative. Il réalise aussi des bas-reliefs et des frises sur des ouvrages d’art de l’État et des bâtiments administratifs. Il a aussi représenté des thèmes religieux et réalisé des bustes et des bronzes.

« L’oeuvre d’Antoine Sartorio intéresse surtout la période entre deux guerres. Il incarne parfaitement ces artistes des années trente qui sont épris d’art monumental et qui travaillent en étroite collaboration avec les architectes. Ses recherches se font toujours sur le plan de l’architecture et de la symbolique. Son style Art Déco allie des lignes très pures et des volumes qui évoluent vers la géométrisation. » D’après Violaine Ménard-Kiener, petite fille d’Antoine Sartorio (ouvrage cité en référence)

Antoine Sartorio a notamment travaillé avec les architectes Gaston Castel et Paul Tournon.


En 1922, il réalise le monument commémorant le centenaire du Brésil, à Santos (Castel, architecte) et en 1937, le bas-relief L’Afrique sur la façade du Palais de Chaillot à Paris. L’une de ses dernières œuvres est la frise représentant le baptême de Clovis dans le cadre de la restauration de la cathédrale de Reims de 1962 à 1966.

D’abord remarqué au Salon des Artistes Français de Paris en 1911, son talent est par la suite récompensé à l’exposition des Arts Décoratifs de Paris en 1925, à l’Exposition Coloniale de Vincennes en 1931 et à l’Exposition Universelle de Paris en 1937. Il a été promu chevalier de la Légion d’honneur en 1926.

L’atelier d’Antoine Sartorio à Jouques

Sartorio2.jpgEn 1965, Antoine Sartorio a 80 ans. Atelier de SartorioIl se retire à Jouques, petite ville des Bouches-du-Rhône, où il a acheté en 1920 l’ancienne résidence d’été des archevêques aixois dans laquelle il fait transférer son atelier parisien. De nombreuses œuvres du sculpteur y sont exposées. On peut visiter cet atelier lors des Journées du Patrimoine. Les visites sont organisées par l’association Les Amis d’Antoine Sartorio.

Les œuvres d’Antoine Sartorio dans notre région

On peut admirer les œuvres d’Antoine Sartorio à Paris, à Marseille, à Tournon-sur-Rhône, dans les Vosges et au Brésil. Pour notre région, ses principales œuvres sont :

1920 : Le monument aux Morts de Jouques (Bouches-du-Rhône).
1921 : Le monument aux Morts de Manosque (Alpes de Haute-Provence)
1929 : La façade du Palais de la Méditerranée à Nice (Alpes- Maritimes)
1930 : Le monument aux Morts de Menton (Alpes- Maritimes)
1932 : Le pont de Cavaillon (Vaucluse)
1934 : Le pont de Mirabeau (Bouches-du-Rhône)
1934 : Le monument à Abel Ballif au Trayas (Var)
1966 : La façade du Palais de Justice de Menton (Alpes- Maritimes)

Et aussi (non daté) :

Les monuments aux Morts de Septèmes-les-Vallons et de Ceyreste (Bouches-du-Rhône)
Le bas-relief La Fortune ornant le tunnel routier des Pennes-Mirabeau (Bouches-du-Rhône)
La décoration du tombeau de la famille Castel au cimetière de Pertuis (Vaucluse)

Trois réalisations monumentales d’Antoine Sartorio

Palais_de_la_Mediterranee.jpgLe Palais de la Méditerranée de Nice. Construit en 1928, par les architectes niçois Charles et Marcel Dalmas à la demande du milliardaire américain Frank-Jay Gould,  le Palais de la Méditerranée, inauguré le 10 janvier 1929, est un témoignage architectural caractéristique de la période Art Déco. Après avoir accueilli toute l’aristocratie européenne, son histoire s’achève en avril 1978 lorsque la société d’exploitation est mise en liquidation judiciaire. Le décor et le mobilier sont vendus, les vitraux déposés. A l’exception de deux de ses façades décorées par Antoine Sartorio et classées « Monuments Historiques » en 1989, le bâtiment est entièrement démoli en 1990, en vue de la construction d’un complexe comprenant des salles de congrès, des espaces de loisirs, des résidences et des bureaux. (d’après la notice de la Base Mérimée et le site officiel de la ville de Nice).

cavaillon01.jpgLe pont de Cavaillon. En 1932, un nouveau pont est cavaillon02.jpgconstruit à la hauteur de Cavaillon pour franchir la Durance. Sartorio et Llomme sont chargés de sa décoration. Sartorio imagine une Durance allégorique sous la forme d’une femme en position allongée avec des fruits à ses pieds. Ce pont a été détruit en 1944.

mirabeau01.jpgLe pont de Mirabeau. Un nouveau pont est mirabeau02.jpgconstruit en 1935 pour franchir la Durance dans l’étroit défilé de Canteperdrix près du village de Mirabeau. Sartorio sculpte quatre bas-reliefs représentant chacun un des quatre départements limitrophes qui se rejoignent à cet endroit. En 1988, ce pont est détruit et remplacé par le pont actuel. Les bas-reliefs de Sartorio sont déposés et réunis au centre du rond-point situé sur la rive gauche de la rivière.

Les oeuvres d’Antoine Sartorio à Marseille

Les œuvres d’Antoine Sartorio sont nombreuses à Marseille (Bouches-du-Rhône) où il a travaillé avec son ami l’architecte Gaston Castel.

1924 : L’attique de l’Opéra (Castel, Ebrard et Raymond, architectes).
1926 : Le tombeau de la famille Puppi au cimetière Saint-Pierre.

1927 : Le monument national aux Héros de l’armée d’Orient et des Terres lointaines (Castel, architecte).
1933 : La façade de l’annexe du Palais de Justice (Castel, architecte).
1937 : Le tombeau de la famille Brachet au cimetière Saint-Pierre.

Monument Pour la Paix1938 : Le monument A la Paix dédié au roi Alexandre Ier de Yougoslavie et à Louis Barthou (Castel, architecte, Vézien et Botinelly, sculpteurs).
1938 : La série Les Sept Péchés Capitaux qui orne la façade de la prison de Baumettes (Castel, architecte).

Façade de l'immeuble Castel1952 : La façade de l’immeuble Castel, place du Lacydon (Castel, architecte).
1954 : Le tombeau du ténor Lucien Muratore, au cimetière Saint-Pierre.
1955 : La façade du hangar J4 de la gare maritime (Castel, architecte).
1956 : Le portail d’entrée du lycée Marseilleveyre et la sculpture Vers l’Espace exposée dans le jardin (Castel, architecte).
1958 : La statue Athéna pensive au lycée Périer.

Athéna pensive

Bibliographie

Gaston Castel, architecte marseillais, Musée d’Histoire de Marseille, Exposition d’avril à septembre 1988, Edisud, Musées de Marseille. 1988 Lire notamment le chapitre intitulé L’oeuvre marseillaise d’Antoine Sartorio, page 91.

Antoine Sartorio, sculpteur des corps et des âmes, Violaine Menard-Kiener, Le Tholonet, 1996

Le soldat-sculpteur Antoine Sartorio ou Journées ordinaires de guerre autour de Senones, 1914-1916, Société Philomatique Vosgienne, Saint-Dié-des-Vosges. 1999

Sur internet

Antoine Sartorio, le sculpteur des corps et des âmes le site de l’association Les Amis d’Antoine Sartorio (il faut s’inscrire pour accéder au contenu du site).

Marseille, ville sculptée un blog au contenu très riche avec de nombreuses illustrations (à voir absolument).

Si vous aimez les façades sculptées, les photos de Xavier de Jauréguiberry vous raviront.

Un article du magazine L’Illustration à propose du cénotaphe du 14 juillet 1919.

Des photos consacrées à Antoine Sartorio sur le site Flickr

Les mêmes en diaporama (à voir en plein écran, touche F11)

©copyright randomania.fr

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2 réflexions au sujet de « Antoine Sartorio, sculpteur »

  1. Il parait que J4 à Marseille était détruit en 1997. Les sculptures de Sartorio étaient sauvées? Si oui, où sont-elles maintenant svp ?

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