Entre Forcalquier et Fontienne, dans les Alpes de Haute-Provence, on peut observer un ensemble de rochers aux formes étranges : c’est le site des « Mourres ». Si vous avez fait la balade proposée par randomania, vous n’avez pu qu’être frappés par l’aspect fantastique de ces rochers qui semblent être sortis de terre tels des champignons ! Vous vous êtes certainement interrogés sur leur origine et la façon dont ils se sont formés. Le sujet est complexe et a divisé les spécialistes eux-mêmes car, comme nous allons le voir, le site des Mourres est unique au monde, c’est à dire qu’il n’existe nulle part ailleurs un site équivalent qui serait le résultat d’un phénomène géologique identique.
Mais d’abord, il faut tordre le cou à une légende qui voudrait que ces rochers n’aient été formés que par l’action de la pluie et du vent qui se jouant des différences de dureté entre les roches aurait façonné ces formes étonnantes. Nous ne sommes pas, non plus, en présence d’un phénomène karstique comme à Montpellier-le-Vieux où la dissolution du calcaire par les eaux de ruissellement a créé un chaos de rochers aux formes les plus diverses.
Le « découvreur » des rochers des Mourres, en tant que phénomène géologique, est Wilfrid Kilian, un des trois fondateurs de la géologie alpine (les deux autres étant Charles Lory et Pierre Termier), qui les décrivit le premier et tenta d’expliquer leur formation dans une thèse parue en 1899. Selon lui, la forme de ces rochers était due à une érosion différentielle du calcaire irrégulièrement imprégné de silice (La silice est une roche dure alors que le calcaire est une roche tendre).
C’était à la fin du XIXe siècle, on a fait de nouvelles observations depuis. J’éviterai dans cet article tout terme « savant », c’est à dire ceux qu’utilisent les géologues, pour m’en tenir à un langage simple et clair afin de mieux rendre compte du phénomène. Je vous passe donc les explications scientifiques pour aller à l’essentiel.
Si, pour un promeneur ordinaire, les formes que présentent ces rochers semblent, sinon toutes semblables, du moins dues au plus grand des hasards, il n’en est pas ainsi pour les géologues qui ont observé cinq types de rochers correspondant chacun à une structure particulière :
Type I : les rochers sont formés de strates et présentent un aspect ondulé.
Type II : les rochers en forme de monticules surbaissés sont formés de strates inclinées qui donnent une impression de stratification oblique.
Type III : c’est le type de rocher précédent qui, croissant en hauteur, donne des édifices cylindriques à sommet arrondi atteignant 5 mètres de haut et 5 à 10 mètres de diamètre. Les géologues lui ont donné le nom de « meule de foin ».
Type IV : ces rochers sont rares et forment un « petit » cylindre à sommet arrondi de 4 mètres de haut et de 2 mètres de diamètre. Ils peuvent aussi prendre la forme d’une poire.
Type V : les rochers de ce type présentent la forme d’une vasque de 5 mètres de haut, de 8 à 10 mètres de diamètre à la base et de 10 à 13 mètres de diamètre au sommet avec, en son centre, une dépression (c’est à dire un creux).
L’ensemble des édifices fait partie d’une même stratification, c’est-à-dire que, de la base au sommet de chaque rocher, on retrouve les mêmes niveaux géologiques. La base du rocher forme un pilier de calcaire grisâtre et le sommet, variant du gris foncé au noir, est formé d’une superposition de petites stratifications entrecroisées et inclinées, séparées par des fentes de dessiccation.
Les rochers reposent sur une assise massive de calcaires marneux blanchâtres, plus ou moins ondulée. L’ensemble atteint une épaisseur de cinquante mètres. En bordure de cette assise, on trouve quelques fossiles du groupe des gastéropodes (hélix, limnées, planorbes) qui permettent de dater la formation des rochers.
Après qu’ils se soient formés, les rochers ont été recouverts de sédiments marneux. Ce que nous voyons aujourd’hui, c’est l’émergence de ces rochers au fur et à mesure que l’érosion les dégage de leur gangue sédimentaire. Ils étaient donc déjà formés lorsqu’ils ont été ensevelis par la sédimentation et sont donc plus anciens que les couches de sédiments qui les entourent.
Si l’idée que ces rochers semblent avoir poussé tels des champignons est absurde, elle n’en contient pas moins une vérité : l’origine de ces rochers s’explique par l’action d’êtres vivants !
Les géologues ont découvert une forte similitude entre les divers stades de croissance des rochers et les aspects successifs que prennent les herbiers marins actuels des pays tropicaux au cours de leur évolution. Ils en ont conclu que ces rochers ont pour origine une fixation des sédiments calcaires par une végétation de marécage de type herbier.
Un herbier marin évolue dans le temps en fonction de sa position par rapport aux courants de marée. Il se présente d’abord sous la forme de petits îlots de végétation dispersés. La croissance de ces îlots se pousuivant, l’herbier forme ensuite de grands îlots dont la forme, d’abord arrondie, évolue ensuite vers une forme polygonale. Ces grands îlots présentent en leur centre une zone nécrosée (c’est à dire que plus rien n’y pousse) : la croissance se poursuit alors sur le pourtour de l’îlot. La nécrose centrale et le déplacement de la zone de croissance ont pour conséquence que les grands îlots se fragmentent en petits îlots et le cycle recommence.
Sur le site des Mourres, on observe une convergence de forme entre l’implantation des premiers monticules de boue et la répartition des petits îlots des herbiers marins actuels. De même, les rochers en forme de vasques (type V) présentent un aspect identique à celui des grands îlots à zone centrale nécrosée des herbiers actuels. Enfin, des vues aériennes des Mourres montrent une ressemblance frappante avec celles représentant des herbiers littoraux de la région de Tuléar à Madagascar.
L’étude géologique de la région de Forcalquier montre que les rochers des Mourres se situent à la limite entre un environnement fluviatile à l’est et un environnement lacustre à l’ouest. Autrement dit, les rochers des Mourres se sont formés en bordure d’un lac et à proximité d’un cours d’eau. Ce cours d’eau déversait une importante quantité de sédiments riches en matières carbonatées. Ces sédiments, au lieu de se répandre directement dans le lac jusqu’à le combler rapidement, ont été retenus par un herbier sous forme de monticules de boue et ces accumulations de calcaire ont épousé la forme que prenait l’herbier aux divers stades de son évolution.
Il y a 25 millions d’années, à une époque que les géologues appellent oligocène supérieur, la région du Luberon est parsemée de grands lacs. Ces lacs occupent les nombreux fossés d’effondrement qui affectent alors le continent. C’est au bord de l’un de ces lacs que se forment les rochers des Mourres : un lac marécageux, peu profond, aux eaux calmes, où pousse une abondante végétation aquatique.
L’herbier fixe le calcaire contenu dans les sédiments que déverse un cours d’eau voisin et retarde l’envasement du site. Si l’apport de sédiments est trop abondant, les monticules de boue cessent de croître puisqu’ils sont envahis par les sédiments que l’herbier n’arrive plus à fixer. La présence des rochers de type III à V prouve que le phénomène s’est suffisamment maintenu dans le temps pour que les monticules poursuivent leur croissance jusqu’à former des roches solides avant d’être finalement recouverts par les sédiments.
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- L’herbier précipite le carbonate de calcium contenu dans les sédiments et le retient sous forme de monticules de boue dispersés sur l’ensemble du site. A ce premier stade de leur évolution, ces monticules constituent les rochers de type II.
Ici, la précipitation consiste à transformer en éléments solides le carbonate de calcium dissout dans l’eau.
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- Les monticules qui poursuivent leur croissance poussent en hauteur, constituent des édifices massifs, de forme cylindrique et donnent les rochers de type III en forme de « meule de foin ». Certains monticules, cependant, donnent des rochers plus petits, parfois en forme de poire : ce sont les rochers de type IV.
- Les monticules qui poursuivent plus loin encore leur croissance, toujours en suivant celle de l’herbier, se développent maintenant latéralement du fait de la nécrose de la partie centrale de l’îlot végétal, la zone de croissance se déplaçant alors du centre vers les bords de l’édifice : ce sont les rochers de type V en forme de vasque avec leur dépression centrale au niveau du sommet.
Ce phénomène est assez répandu dans la nature comme on vient de le voir pour les herbiers marins tropicaux . Il donne aussi les fameux ronds de sorcière pour les champignons !
- Au fur et à mesure qu’ils croissent latéralement, les rochers en forme de vasques, qui se présentaient auparavant sous forme de monticules dispersés, viennent au contact l’un de l’autre ce qui provoque une déformation de leur partie sommitale.
- Les apports de sédiments par le cours d’eau se poursuivant, les édifices, qui forment maintenant des roches solides, sont finalement ensevelis sous d’épaisses couches de dépôts.
- La surrection des Alpes bouleverse totalement le paysage : les couches de dépôts se soulèvent pour former des montagnes, le lac disparaît, l’érosion peut maintenant dégager les rochers de leur gangue de sédiments : c’est ce que nous observons aujourd’hui.
Le phénomène géologique qui a donné naissance aux rochers de types III et V est unique au monde. On ne connaît nulle part de formations équivalentes. Leur particularité est qu’ils se sont formés dans un environnement essentiellement lacustre et fluviatile alors que leur formation ne peut s’expliquer que par analogie avec celle des herbiers marins. On ne connaît aucun autre exemple de formation fossile de ce type en milieu lacustre ou fluviatile.
Document consulté pour la rédaction de cet article :
Edifices calcaires liés à la stabilisation du sédiment par les biocénoses végétales dans les dépots continentaux oligocènes de Forcalquier (Alpes de Haute-Provence), Gigot Patrick, Freytet Pierre, Purser Bruce, C.R. Académie des Sciences de Paris, t 280, 10 mars 1975, série D, pages 1225 à 1228.
Bibliographie :
Description géologique du Bassin oligocène de Manosque-Forcalquier, Jean-Paul Destombes, Librairie polytechnique Charles Béranger, 1962
Découverte géologique des Alpes du Sud, Jacques Debelmas, Editions BRGM, 1982
Découverte géologique du Luberon, Parc naturel régional du Luberon, Editions BRGM, 1998
Sur internet :
Les Mourres sur le site Sciences de la Vie et de la Terre des professeurs de l’Académie d’Aix-Marseille
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Les herbiers dans des marécages dégagés ensuite par une érosion différentielle avaient été proposés en 1975 par Patrick Gigot comme une hypothèse, sujette à débat. Imprimée dans la notice de la carte géologique de Forcalquier, celle-ci a pris ensuite une valeur de vérité acquise. Si on se balade parmi les Mourres au-dessus de la route de Forcalquier à Fontienne, c’est une version séduisante. On peut néanmoins y observer que les « pieds » des « champignons » sont tous dans un calcaire blanc friable, et les « chapeaux » dans un calcaire gris, dur, avec de nombreux vides horizontaux, comme on en trouve dans des « calcaires en lamination » : cette observation cadre mal avec l’hypothèse du développement latéral décrit plus haut : pourquoi aurait-il produit un calcaire plus dur et si différent de celui de la première phase de croissance des « îlots » ? Les choses se compliquent quand on regarde le ravin AU-DESSOUS de la route. Parce qu’alors on voit se répéter au moins sept fois, empilées les unes au-dessus des autres, l’alternance des couches blanches tendres érodées et dures grises débordantes volontiers festonnées. Et si on s’éloigne du site spectaculaire des Mourres de quelques kilomètres, tant vers l’est que vers l’ouest, on retrouve cette alternance des couches blanches tendres et dures grises – que la carte géologique du Parc du Luberon a d’ailleurs justement délimitée sous l’appellation « calcaire des Mourres » (g3M). Il faut donc chercher ailleurs que dans les calcifications d’îlots lacustres. Gabriel Conte propose de lier ces formations alternées à l’arrivée progressive de la mer, tantôt ouverte, tantôt par l’intermédiaire de lacs côtiers.
Voir sur plus.randomania la balade de Nicoulina :
https://www.randomania.fr/de-fontienne-a-forcalquier-en-passant-par-le-dolmen-du-clot-de-melly/
Etonnant, il faudra que j’aille voir ça !