L’aqueduc de la Traconnade à Peyrolles

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Extrait de PeyrollesInfo, janvier-février 2012, n°77
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Il arrive que les promeneurs s’étonnent de rencontrer de grands « trous » carrés qui parsèment les bois au sud de la commune. Ce sont les restes de l’ancien canal romain de la Traconnade – du nom de la propriété où jaillit une de ses sources à Jouques – qui traverse la commune de Peyrolles en direction d’Aix-en-Provence. Les Romains, qui avaient de grands besoins en eau, construisirent plusieurs aqueducs dont les restes plus ou moins bien conservés, parsèment la campagne aixoise. Il serait souhaitable d’envisager de les protéger.

De nombreux vestiges ont été découverts sur la commune de Peyrolles grâce à des équipes venues de Jouques, de Venelles, d’Aix, de Saint-Etienne, de Fréjus, et même de Cambridge, qui se sont jointes aux chercheurs peyrollais ; voir sur le site AVEC, une vidéo sur l’antiquité romaine de Venelles (le domaine de Saint-Hyppolite), sur le site randomania visites à Peyrolles, Jouques et Meyrargues explicités. Une projection commentée a eu lieu à la salle des mariages de la Mairie d’Aix pour les Journées du Patrimoine 2011.

On trouve trois types de vestiges à Peyrolles :

  1. regards d’entretien maçonnés
  2. effondrements ou voûtins
  3. ouvrages d’art de franchissement de vallons

On rencontre six franchissements de ce type à Peyrolles :

  1. Vallon de la font de l’Oume (l’Orme), un aqueduc dont les piles se voient encore
  2. Carrière Dubuisson, chemin de Loubatas, un pont dont les traces se voient dans la roche
  3. Vallon Pétugue (du Bès) ancrage dans le rocher, restes du specus (fond du canal), d’un mur identique à celui du vallon d’Azard à Jouques
  4. Vomanos, petit mur barrage à parois verticales
  5. Vers Aubusson à Entuve agglomérat de moëllons, vestige d’un mur de thalweg
  6. Pont à arcades pour traverser le vallon de Barrême / Pelloutier vers Saint-Joseph

il est assez difficile de trouver tous les vestiges de l’aqueduc. Ils sont disséminés dans la végétation, dans des propriétés privées clôturées et l’abord de certains est passablement dangereux. Il n’est pas conseillé de s’aventurer dans les conduits sans être accompagné d’une personne expérimentée. Pour visiter éventuellement, s’adresser à l’office du tourisme ou à moi-même.

Alain Balalas, conservatoire de l’instruction publique de Peyrolles-rétro

Archéologie de l’aqueduc romain de la Traconnade d’après ses vestiges

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Les sources

D’après l’association Peyrolles Rétro, le début de l’aqueduc serait visible depuis le chemin de la Palunette, à Bastide Thénoux, sous forme d’une petite entrée taillée dans le roc mais plus de trace de la prise d’eau. Voir le montage Dailymotion sur les vestiges

Canal

image02.jpgIMG_8828.JPGLe premier vestige taillé en plein rocher, ce qui est assez rare dans le monde romain, est proche de la prise d’eau, en bordure de route. Précédé de socles rocheux, il devait comporter un aménagement spécial. L’intérieur du canal est en bon état. Par endroit les concrétions ont disparu, laissant apparaître des pierres taillées en grand appareil. IMG_8830.JPGPour avoir les mains libres pour travailler, les ouvriers posaient leur lampe à huile dans des petits logements creusés dans la roche à intervalles réguliers. La circulation dans le radier1 y est possible sur plusieurs dizaines de mètres, la hauteur du canal étant d’1m60 environ.

le soubassement des piédroits, construits et s’appuyant à certains endroits au-dessus de la roche taillée au niveau du radier.

Particularités observées :

  • le soubassement des piédroits, construits et s’appuyant au-dessus de la roche taillée, au niveau du radier.
  • Un passage étonnant, où l’on trouve successivement l’aqueduc construit entièrement, puis un passage sous une voûte taillée dans la roche, et au bout de quelques mètres, à nouveau la construction. On sait que les ouvrages de type ‘tunnel’ étaient creusés par deux équipes allant  à la rencontre l’une de l’autre (exemples célèbres en Algérie à Saldae, et sur l’aqueduc du Gier) selon les principes de Vitruve.

IMG_8562.JPGIMG_8673.JPGLe plus souvent, sur Peyrolles et Jouques, les vestiges sont des voûtins (portion de voûte) en claveaux, variables en nombre, qui émergent du sol, à peine visibles mais permettent de marquer le tracé de l’aqueduc.

Regards de visite

Eléments essentiels pour la construction d’un aqueduc, ces derniers – appelés alors puits sur les tunnels –  servirent au moment de la construction, à déterminer le tracé, à vérifier le niveau de la pente, à dégager les déblais et à ventiler les ouvriers ; l’aqueduc en usage, ils permirent son accès afin d’assurer l’entretien de l’ouvrage. JC Litaudon

IMG_8564.JPGDe nombreux regards2 permettent de contrôler ou de nettoyer la conduite ; rectangulaires, bordés de parois en petit appareil, ils sont toujours soigneusement voûtés en claveaux3, le plus souvent placés de façon régulière tout le long du parcours, tous les 72 mètres ce qui correspondrait à deux actus4, par analogie avec les principes énoncés par Vitruve et Pline l’Ancien (37 à 79 ap, livre XXXI, ch. XXXI) […]: « …il faudra faire des regards de visite tous les deux actus« .
Cette règle a été appliquée à l’aqueduc du Gier à Lyon, en effet une recherche systématique, depuis 1980, en a permis le recensement de près de 90 à ce jour, tous de plan rectangulaire. Selon J.C. Litaudon, ils sont de deux types, en alternance, de petit module (largeur du canal, 0,60 approx.), de grand module (90 x 90), ces derniers ayant un fond plus bas que le radier1 du canal, bac destiné à récupérer les sédiments ; les intervalles entre eux, vont de 68 à 80 m. Mais en zone plane et linéaire, les intervalles sont alors proches de 77m, deux actus romains de 120 pieds.

Ils peuvent être placés également à proximité de points sensibles du parcours comme les ponts de franchissement de vallons. A la verticale de ces regards, on peut observer sur plusieurs aqueducs romains  des bacs de décantation pour piéger les fines (impuretés véhiculées par le flux) : cela ne semble pas être le cas de la Traconnade.

IMG_8681.JPGDes encoches – opes5 – creusées dans les parois pour l’emplacement d’échafaudages facilitent l’accès au conduit durant la construction. Mais n’étant pas situées en vis à vis, il devait y avoir un autre dispositif mobile pour descendre au niveau du canal.
Le regard le plus difficile d’accès, est profond de plus de 2m ; les opes en vis à vis, sont bien visibles. Un morceau de la dalle de couverture se trouve probablement dans le fond.

Tableau et photos des vestiges de l’aqueduc de Gier, Groupe archéologique Forez-Jarez

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Les aqueducs romains d’Aix-en-Provence

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Aperçu général

C’est une idée reçue que l’eau était surabondante à l’époque romaine. M. Leveau en a eu la preuve par l’étude de l’aqueduc d’Arles ; de récentes études de géomorphologues d’Aix ont montré un bilan hydrologique déficitaire à Nîmes. A Aixaucune citerne n’a été construite, la surabondance de l’eau à l’époque romaine est une interprétation inexacte d’une réalité plus complexe : la multiplicité des aqueducs s’explique par le désir de disposer d’une eau assez abondante dans un contexte général de pénurie (selon Ph. Leveau). Les aqueducs ont été construits en plusieurs phases avec un souci permanent de la meilleure alimentation en eau : parce qu’abondance et permanence étaient indispensables, les romains ont parfois amené l’eau de très loin. S’il manquait d’eau, la branche alimentant les villae était coupée.  Certains domaines, comme celui de la Morée (à Meyreuil), possédaient même leur propre aqueduc.

Les aqueducs d’Aquae Sextiae

IMG_7593_trace_traconnade.JPGQuatre aqueducs alimentaient la ville d’Aix (voir carte Fernand Benoit dans l’alimentation en eau du pays d’Aix) : la Trévaresse (50l/s) par les Figons à Eguilles, la Traconnade (200l/s), Vauvenargues (50 à 100l l/s) dont l’origine est au Claps, et Saint-Antonin (50l/s) ; ils convergeraient vers Saint-Eutrope sans qu’il y ait de preuve.

Ils dateraient du IIè siècle, viennent alimenter les thermes de la ville, mais servent aussi à la consommation quotidienne des Aquenses et assurent la salubrité de la ville en assainissant le réseau des égoûts, sans oublier les demeures de notables de la ville, fortes consommatrices d’eau. Extrait de Histoire des eaux d’Aix-en-Provence, Wikipedia

Vestiges des ouvrages de la Traconnade

La source captée se trouve probablement aux Bouilladisses à Jouques ; un tunnel est encore accessible depuis la route.

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IMG_7460.JPGA Peyrolles :

– les galeries de la carrière Sainte-Anne  ;

– des piles de ponts, des morceaux de canal, des regards.

photo DD (webmaster 13770.org)Photo extraite du site Meyrargues informations

– Les arches de Meyrargues, classé monument historique.

– Le pont sur le Grand Vallat en bordure de l’A51.

– Au lieu dit Terrelongue, à l’extrémité du canal, on trouve le début de la galerie passant sous le plateau de Venelles. Deux mystères au sujet de cette entrée : sa côte moins élevée que celle à laquelle on pouvait s’attendre, sa direction qui, si on la prolongeait, arriverait à 3km du seul puits romain connu, celui du Four de Banes. La sortie serait à Saint-Eutrope au vallon des Pinchinats, au point marqué Galici sur la carte de Cassini. En 1838, Matheron aurait fait exécuter une tranchée au travers du vallon des Pinchinats et aurait rencontré une galerie d’eau à 6m de profondeur. profil_en_long_tunnel_VenellesLe puits du Four de Banes est déblayé : le cerveau de la voûte romaine est atteint après 50m de profondeur. Une décoction de campêche jetée dans le puits du Four de Banes aurait coloré en violet la source des Pinchinats quelques heures après.  Comment la décoction a-t-elle pu pénétrer à l’intérieur du canal si les chercheurs ont rencontré la face externe de la voûte ? Visité au début du XXè, il est rempli d’eau sans doute à cause de la pluie. Revisité en 1981, il était complètement à sec. Le tunnel de Venelles mesure environ 7-8km. Il a été creusé dans un matériau dur nécessitant peu d’explosif, et étanche s’opposant aux infiltrations. Il a été coupé par la construction de l’autoroute. Seules les parties supérieures des puits ont pu poser des problèmes.

photo empruntee au blog varando.unblog.frA l’époque où on envisage la construction d’un nouvel aqueduc au XIXè, Bazin présente un projet de canal passant sous le plateau de Venelles : un grand souterrain mais seulement 125km. Il est en concurrence avec le projet de Garella qui veut franchir l’Arc par un pont canal à Roquefavour : 163km et peu de souterrains. C’est le projet de Montricher qui sera retenu : vous pouvez admirer encore aujourd’hui l’aqueduc de Roquefavour.

– L’entrée d’un puits de 50m au lieu-dit Cabassols ; comme vous le verrez ci-dessous à Carhaix, la technique des puits permettait de construire un tunnel.

– Aux Platanes où un aqueduc a été découvert il y a deux ans mais dans une direction différente (voir l’opération d’archéologie préventive aux Platanes par la mairie d’Aix-en-Provence) : soit il s’agit d’une dérivation de la Traconnade, soit il s’agit d’un autre aqueduc romain ; un canal au pavillon de l’Enfant en mortier de tuileau.

– A la Chevalière, rien n’a été trouvé.

– Dans la commune d’Aix plusieurs aménagements hydrauliques ont été trouvés derrière  le parking Pasteur. Clerc pensait qu’il appartenait à l’aqueduc de la Traconnade, Benoit hésitait entre celui de la Traconnade ou de la Trévaresse. L’un deux a été réutilisé par un aqueduc moderne. Au fond de la Cour de la Trinité, une section d’aqueduc appartiendrait à celui de Vauvenargues.

Mais où est la sortie ? à Saint-Eutrope où un souterrain a été muré ou dans le vallon de la Torse à la source des Pinchinats « dans le talus bordant le domaine de La Générale » (Bouyala d’Arnaud dans son Evocation du Vieil Aix-en-Provence, Editions de Minuit, 1964) ?

La page en anglais du site ‘Roman aqueducts’ sur les aqueducs d’Aix-en-Provence (avec photos des différents vestiges)

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