Le buste de bronze représentant Van Gogh volé à Saint-Rémy de Provence

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IMG_8047.JPGQuand on parcourt l’allée centrale qui mène à l’église de Saint-Paul de Mausole à Saint-Rémy, on rencontre sur la gauche une statue en pied de Van Gogh par Zadkine (1890-1967). Dans un guide bleu de la région Alpes Provence Côte d’Azur de mars 1989, on peut lire : […] dans l’allée un buste en bronze de Zadkine rappelle le séjour du peintre maudit [Van Gogh]. Où donc est passé ce buste ?

IMG_8046.JPGLa commune de Saint-Rémy-de-Provence souhaitant perpétuer le souvenir de la période durant laquelle le peintre Van Gogh séjourna à l’asile de Saint-Paul de Mausole, non loin du mausolée des Antiques, décida en avril 1965 de commander un buste de Van Gogh au sculpteur français d’origine russe Ossip Zadkine (1890-1967) ; l’emplacement choisi est l’allée du cloître de Saint-Paul-de-Mausole.
Par décret du 14 octobre 1966, Georges Pompidou autorise le projet d’érection de ce momument commémoratif. Coût de l’acquisition : 20 000 francs dont 5 000 versés à la commande. Cela représenterait aujourd’hui en 2010 environ 24 200€1. Sur le marché de l’art, à la revente, 3 000 000€ !
Hauteur sur base : 85cm, socle : 49cmx29cm ; socle en pierre : 150cmx45cm. Le buste représente un Van Gogh émacié, avec l’oreille coupée et portant une sorte de houppelande.  Il avait été installé sur un socle, dans l’allée intérieure de Saint-Paul.

Télécharger les documents officiels de l’époque

L’oeuvre, non scellée et non protégée, est volée en 1989.

buste_original.jpgAvec l’accord du musée Zadkine (Paris) un second moulage en bronze de l’oeuvre est réalisé exceptionnellement, en 1992, à la demande de Jacques Chirac. Le maire de Paris est venu le remettre en main propre, au maire de l’époque, Serge Pampaloni. Depuis, cette oeuvre est installée au musée municipal des Alpilles de Saint-Rémy-de-Provence.

A l‘issue d’un périple dont on sait peu de chose, le buste est retrouvé à Zwolle, dans le nord des Pays-Bas, en 2009. Le bronze a trôné une semaine dans la salle de séjour de cet homme [le détective privé Sander van Betten], qui est par ailleurs élu municipal pour le Parti libéral et s’occupe d’affaires réputées “sensibles”. Un jour, la police le prévient qu’elle va débarquer chez lui pour lui ramener son ordinateur, saisi dans le cadre d’une enquête sur une possible corruption de fonctionnaires, qui n’a rien à voir avec le Zadkine. Il n’empêche, van Betten craint que les policiers ne l’interrogent sur cet objet volé. Aussi, à l’aide d’un diable, il transporte la sculpture et l’enfouit dans son lit…
C’est un “homme d’affaires” anonyme, client régulier de Sander van Betten, qui l’aurait appelé à la rescousse il y a quelques semaines. Le Zadkine trônait dans son garage et, méfiant quant à l’origine du bronze, il redoutait que la justice l’inculpe pour vol. En pleine nuit, le détective a évacué le buste.

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Les aqueducs romains d’Aix-en-Provence

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Aperçu général

C’est une idée reçue que l’eau était surabondante à l’époque romaine. M. Leveau en a eu la preuve par l’étude de l’aqueduc d’Arles ; de récentes études de géomorphologues d’Aix ont montré un bilan hydrologique déficitaire à Nîmes. A Aixaucune citerne n’a été construite, la surabondance de l’eau à l’époque romaine est une interprétation inexacte d’une réalité plus complexe : la multiplicité des aqueducs s’explique par le désir de disposer d’une eau assez abondante dans un contexte général de pénurie (selon Ph. Leveau). Les aqueducs ont été construits en plusieurs phases avec un souci permanent de la meilleure alimentation en eau : parce qu’abondance et permanence étaient indispensables, les romains ont parfois amené l’eau de très loin. S’il manquait d’eau, la branche alimentant les villae était coupée.  Certains domaines, comme celui de la Morée (à Meyreuil), possédaient même leur propre aqueduc.

Les aqueducs d’Aquae Sextiae

IMG_7593_trace_traconnade.JPGQuatre aqueducs alimentaient la ville d’Aix (voir carte Fernand Benoit dans l’alimentation en eau du pays d’Aix) : la Trévaresse (50l/s) par les Figons à Eguilles, la Traconnade (200l/s), Vauvenargues (50 à 100l l/s) dont l’origine est au Claps, et Saint-Antonin (50l/s) ; ils convergeraient vers Saint-Eutrope sans qu’il y ait de preuve.

Ils dateraient du IIè siècle, viennent alimenter les thermes de la ville, mais servent aussi à la consommation quotidienne des Aquenses et assurent la salubrité de la ville en assainissant le réseau des égoûts, sans oublier les demeures de notables de la ville, fortes consommatrices d’eau. Extrait de Histoire des eaux d’Aix-en-Provence, Wikipedia

Vestiges des ouvrages de la Traconnade

La source captée se trouve probablement aux Bouilladisses à Jouques ; un tunnel est encore accessible depuis la route.

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IMG_7460.JPGA Peyrolles :

– les galeries de la carrière Sainte-Anne  ;

– des piles de ponts, des morceaux de canal, des regards.

photo DD (webmaster 13770.org)Photo extraite du site Meyrargues informations

– Les arches de Meyrargues, classé monument historique.

– Le pont sur le Grand Vallat en bordure de l’A51.

– Au lieu dit Terrelongue, à l’extrémité du canal, on trouve le début de la galerie passant sous le plateau de Venelles. Deux mystères au sujet de cette entrée : sa côte moins élevée que celle à laquelle on pouvait s’attendre, sa direction qui, si on la prolongeait, arriverait à 3km du seul puits romain connu, celui du Four de Banes. La sortie serait à Saint-Eutrope au vallon des Pinchinats, au point marqué Galici sur la carte de Cassini. En 1838, Matheron aurait fait exécuter une tranchée au travers du vallon des Pinchinats et aurait rencontré une galerie d’eau à 6m de profondeur. profil_en_long_tunnel_VenellesLe puits du Four de Banes est déblayé : le cerveau de la voûte romaine est atteint après 50m de profondeur. Une décoction de campêche jetée dans le puits du Four de Banes aurait coloré en violet la source des Pinchinats quelques heures après.  Comment la décoction a-t-elle pu pénétrer à l’intérieur du canal si les chercheurs ont rencontré la face externe de la voûte ? Visité au début du XXè, il est rempli d’eau sans doute à cause de la pluie. Revisité en 1981, il était complètement à sec. Le tunnel de Venelles mesure environ 7-8km. Il a été creusé dans un matériau dur nécessitant peu d’explosif, et étanche s’opposant aux infiltrations. Il a été coupé par la construction de l’autoroute. Seules les parties supérieures des puits ont pu poser des problèmes.

photo empruntee au blog varando.unblog.frA l’époque où on envisage la construction d’un nouvel aqueduc au XIXè, Bazin présente un projet de canal passant sous le plateau de Venelles : un grand souterrain mais seulement 125km. Il est en concurrence avec le projet de Garella qui veut franchir l’Arc par un pont canal à Roquefavour : 163km et peu de souterrains. C’est le projet de Montricher qui sera retenu : vous pouvez admirer encore aujourd’hui l’aqueduc de Roquefavour.

– L’entrée d’un puits de 50m au lieu-dit Cabassols ; comme vous le verrez ci-dessous à Carhaix, la technique des puits permettait de construire un tunnel.

– Aux Platanes où un aqueduc a été découvert il y a deux ans mais dans une direction différente (voir l’opération d’archéologie préventive aux Platanes par la mairie d’Aix-en-Provence) : soit il s’agit d’une dérivation de la Traconnade, soit il s’agit d’un autre aqueduc romain ; un canal au pavillon de l’Enfant en mortier de tuileau.

– A la Chevalière, rien n’a été trouvé.

– Dans la commune d’Aix plusieurs aménagements hydrauliques ont été trouvés derrière  le parking Pasteur. Clerc pensait qu’il appartenait à l’aqueduc de la Traconnade, Benoit hésitait entre celui de la Traconnade ou de la Trévaresse. L’un deux a été réutilisé par un aqueduc moderne. Au fond de la Cour de la Trinité, une section d’aqueduc appartiendrait à celui de Vauvenargues.

Mais où est la sortie ? à Saint-Eutrope où un souterrain a été muré ou dans le vallon de la Torse à la source des Pinchinats « dans le talus bordant le domaine de La Générale » (Bouyala d’Arnaud dans son Evocation du Vieil Aix-en-Provence, Editions de Minuit, 1964) ?

La page en anglais du site ‘Roman aqueducts’ sur les aqueducs d’Aix-en-Provence (avec photos des différents vestiges)

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La chapelle Saint-Jean de Fusils à Saint-Michel l’Observatoire

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Le cadre de la chapelle

IMG_0067.jpgIMG_6388.JPGLe quartier d’Aurifeuille1 à Saint-Michel l’Observatoire, tout près du parking de l’observatoire, sur un petit plateau dominant, comme souvent quand il s’agit de chapelles Saint-Jean. Elle vous accueille par une allée de tilleuls, une petite fontaine qui devait désaltérer les pélerins et quelques chênes préservés du feu des charbonniers grâce à un amoureux des arbres.

D’Aurifeuille, site occupé au néolithique, la tradition populaire y a placé une fabrique d’armes gauloises en bronze. D’autres traces d’occupation dès l’antiquité y ont été trouvées. Vers 1045, on trouve un hameau, villa de Fuzilis dont il ne reste aujourd’hui que la chapelle. De nombreuses tombes truffent le sous-sol alentour. Le site a peut-être été occupé jusqu’au Haut-Moyen-âge, ce qui expliquerait la création du prieuré rural médiéval qui jouxte la chapelle.

La chapelle Saint-Jean-de-Fuzils date du XIIè siècle

IMG_0081.jpgRaymond Collier, ancien archiviste des Alpes de Haute-Provence pense que les « …des éléments archaïsants : fenêtre axiale, corniche soutenue par des consoles ornées d’enroulements spiraliformes incitent à placer la chapelle vers le début du siècle ». Géraldine Bérard et Guy Barruol confortent cette hypothèse à cause de l’absence de contreforts et de voûte. Son abside voûtée en cul-de-four, coiffée de lauzes, est sûrement plus ancienne. Son autel est constitué d’une table en pierre posée sur des colonnettes préromanes à chapiteaux cubiques. L’abside est légèrement dissymétrique. Elle est classée à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques.

IMG_0069.jpgIMG_6304.JPGLa façade porte la date de 1783 correspondant à la date de sa réfection. Dans le bois gravé au-dessus de la porte, l’inscription en latin contient une faute d’orthographe mais se comprend fort bien : « Sancte Joanne Bapti(s)ta ora pro nobis ». La porte extérieure de l’ermitage porte une élégante accolade à trois pointes.

L’ermitage

Appartenant d’abord à l’abbaye de Saint-Victor, au XIIè siècle, Saint-Jean de Fodils ou de Fusilis comptait, parmi les possessions de l’abbaye de Saint-André de Villeneuve-les-Avignon, tout comme l’église paroissiale Saint-André, le prieuré de Salagon à Mane et Notre-Dame de Châteauneuf.
IMG_0087.jpgIMG_0088.jpgDepuis une porte située à l’intérieur de la chapelle, on accède à l’ancien ermitage qui accueillit aussi bien des religieux que des laïcs, jusque vers 1850 . L’ermite faisait la cuisine en bas et dormait à l’étage. L’association a reconstitué avec beaucoup de réalisme l’environnement du dernier ermite : rideaux de coton épais, lit et table de bois, chapelet et missel, et même les ventouses pour se soigner ! Dans une niche du couloir d’accès à l’étage, un peu de matériel pour se laver.

IMG_0084.jpgSuite à des recherches aux archives, l’amie qui nous organise la visite, a retrouvé la trace d’un ermite, simple laïc, se nommant Jacques Rochon. Sa mère s’appelait Anne-Marie de Bosque et son père Jean-Baptiste Rochon. Son frère Gabriel était prêtre. Son père est mort en 1690 et sa mère en 1703. Il serait enterré ici.

Restauration

Très attachés à leur chapelle, les habitants ont collecté durant 30 ans l’argent nécessaire à la fabrication de la cloche. Le clocher a été installé dès le projet commencé vers 1840 mais la cloche n’a pu être placée que 30 ans après !

Pour entendre l’excellente sonorité de la cloche (format WMV)

IMG_0091.jpgIMG_0082.jpgUne réplique de Notre Dame de Fourvière trône désormais sur l’autel. La chapelle a été restaurée par les Amis de Saint-Jean vers 1980. En effet, l’abside menaçait de s’écrouler en 1978 et la municipalité n’avait pas les moyens d’entreprendre les travaux. Parmi les nombreux donateurs, un artiste a fait cadeau à l’association du vitrail de la fenêtre du fond ; l’association a ensuite acheté les matériaux pour les deux autres vitraux.

La tradition de procession autour de la Saint-Jean, est maintenue mais l’effort des pèlerins est désormais très limité puisque le cortège part du parking de l’observatoire et non du village.

Bibliographie

La Haute-Provence monumentale et artistique, Raymond Collier, Digne, Imprimerie Louis Jean, 1986
Carte archéologique de la Gaule, 04, Géraldine Bérard, Guy Barruol, Éditions de la Maison des sciences de l’homme, Paris, 1997
Pays de Lure Forcalquier Manosque, P. Ollivier-Elliott, Edisud, 2000

1aurifeuille : viendrait de la couleur des feuilles en automne ou du vent (auro en provençal) ou de paillettes d’or que l’on trouvait encore vers 1960.