Quand on parcourt l’allée centrale qui mène à l’église de Saint-Paul de Mausole à Saint-Rémy, on rencontre sur la gauche une statue en pied de Van Gogh par Zadkine (1890-1967). Dans un guide bleu de la région Alpes Provence Côte d’Azur de mars 1989, on peut lire : […] dans l’allée un buste en bronze de Zadkine rappelle le séjour du peintre maudit [Van Gogh]. Où donc est passé ce buste ?
La commune de Saint-Rémy-de-Provence souhaitant perpétuer le souvenir de la période durant laquelle le peintre Van Gogh séjourna à l’asile de Saint-Paul de Mausole, non loin du mausolée des Antiques, décida en avril 1965 de commander un buste de Van Gogh au sculpteur français d’origine russe Ossip Zadkine (1890-1967) ; l’emplacement choisi est l’allée du cloître de Saint-Paul-de-Mausole.
Par décret du 14 octobre 1966, Georges Pompidou autorise le projet d’érection de ce momument commémoratif. Coût de l’acquisition : 20 000 francs dont 5 000 versés à la commande. Cela représenterait aujourd’hui en 2010 environ 24 200€1. Sur le marché de l’art, à la revente, 3 000 000€ !
Hauteur sur base : 85cm, socle : 49cmx29cm ; socle en pierre : 150cmx45cm. Le buste représente un Van Gogh émacié, avec l’oreille coupée et portant une sorte de houppelande. Il avait été installé sur un socle, dans l’allée intérieure de Saint-Paul.
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L’oeuvre, non scellée et non protégée, est volée en 1989.
Avec l’accord du musée Zadkine (Paris) un second moulage en bronze de l’oeuvre est réalisé exceptionnellement, en 1992, à la demande de Jacques Chirac. Le maire de Paris est venu le remettre en main propre, au maire de l’époque, Serge Pampaloni. Depuis, cette oeuvre est installée au musée municipal des Alpilles de Saint-Rémy-de-Provence.
A l‘issue d’un périple dont on sait peu de chose, le buste est retrouvé à Zwolle, dans le nord des Pays-Bas, en 2009. Le bronze a trôné une semaine dans la salle de séjour de cet homme [le détective privé Sander van Betten], qui est par ailleurs élu municipal pour le Parti libéral et s’occupe d’affaires réputées “sensibles”. Un jour, la police le prévient qu’elle va débarquer chez lui pour lui ramener son ordinateur, saisi dans le cadre d’une enquête sur une possible corruption de fonctionnaires, qui n’a rien à voir avec le Zadkine. Il n’empêche, van Betten craint que les policiers ne l’interrogent sur cet objet volé. Aussi, à l’aide d’un diable, il transporte la sculpture et l’enfouit dans son lit…
C’est un “homme d’affaires” anonyme, client régulier de Sander van Betten, qui l’aurait appelé à la rescousse il y a quelques semaines. Le Zadkine trônait dans son garage et, méfiant quant à l’origine du bronze, il redoutait que la justice l’inculpe pour vol. En pleine nuit, le détective a évacué le buste.
Prudent, M. van Betten avait, entre-temps, assuré ses arrières en envoyant des fax aux autorités françaises et à l’ambassade de La Haye. Il s’était aussi adjoint les services d’Arthur Brand, un marchand d’art d’Amsterdam, qui lui a facilité les contacts. […] L’oeuvre a été discrètement remise à l’ambassade de France à La Haye, à la fin du mois d’avril 2009.
La police néerlandaise pense que la sculpture a servi de caution dans diverses transactions, comme c’est désormais la règle dans les milieux criminels, où les oeuvres d’art constituent une nouvelle monnaie d’échange. Pour éviter toute accusation de chantage, Sander van Betten et son client n’ont rien réclamé à la France. Le détective ne cache cependant pas qu’il espère un “dédommagement”. Et il promet, à ce moment-là, de dévoiler l’identité de son mystérieux mandant. Extrait du site d’Arnaud Pelletier
Samedi [10 octobre 2009], à 11 h 30, en mairie, un représentant de l’Office central de lutte contre le trafic de biens culturels a remis au maire un buste signé Zadkine. L’oeuvre volée et restituée en présence du maire d’Auvers-sur-Oise, de Danièle Pourtaud, adjointe au maire de Paris chargée du patrimoine, est installée, cette fois sous surveillance, dans l’hôpital local de Saint-Paul-de-Mausole.
Le 12 juillet 1961, un autre Van Gogh de bronze, de 3 m de haut, surveillé par le sculpteur Ossip Zadkine (1890-1967) avait traversé Paris pour être installé à Auvers-sur-Oise. L’année 2011 marque le 50ème anniversaire de cette inauguration. Auvers-sur-Oise, en partenariat avec les villes de Zundert (Pays-Bas) et Saint-Rémy-de-Provence ont célèbré Zadkine en 2011 à travers une grande rétrospective dans le cadre de sa saison culturelle.
Les sculptures de bronze exposées en 2011 à Auvers-sur-Oise
Le monde de Van Gogh a inspiré Jacques d’Abrigeon, artiste photographe
1INSEE, par application du coefficient de transformation du franc en euro
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