Petit cours de toponymie provençale 2

Publié le Catégories * 04, * 05, * 06, * 13, * 83, * 84Mots-clés

Certains randonneurs préparent leurs sorties à l’aide d’un logiciel de cartographie et d’un gps. D’autres préfèrent continuer à utiliser une carte « papier ». Quelle que soit la méthode adoptée, l’utilisateur est parfois confronté à une terminologie locale dont le sens lui échappe le privant ainsi d’une importante information. Je vous propose une série d’articles qui vous expliqueront le sens de certains toponymes que vous avez souvent l’occasion de rencontrer au cours de vos balades.

Lien vers l’article 1

Bastide, grange

BastideEn Provence, une bastide est une ferme isolée ou un groupe de fermes constituant un hameau. Le sens a évolué pour désigner aujourd’hui une maison de campagne. Son équivalent montagnard est La Bâtie. Une petite bastide est une bastidonne.
La Bastide, Les Bastides Blanches, La Bastide Neuve, etc

Dans le nord de la Provence, on emploie davantage le mot grange qui a le même sens mais pas celui qu’on lui donne en français (un lieu où on remise le foin). En provençal, c’est tout simplement une ferme. La Grange Neuve, Les Granges, Les Grangettes, etc

Castel, castellas

CastellasUn castel est un château. Son diminutif est castelet. Son augmentatif castelar désigne un château-fort. De nombreuses communes portent ce nom : Le Castellet, Castélar, Castellet-lès-Luberon, Castellane, La Castelette, etc

Un castellas est un château en ruines (les ruines du castellas constitue donc un pléonasme). Il existe aussi le terme castelaras qui désigne un château-fort en ruines plus important que le simple castellas. En Haute-Provence, on trouve Les Chastellas.

Défens

DefensAutrefois, la plupart des communes rurales avait son défens. C’était un pré ou un bois collectif « en interdiction » pour éviter la sur-exploitation et les dégradations causées par les troupeaux. C’était généralement une parcelle de terrain de quelques kilomètres carrés située sur un versant de colline bien exposé au soleil et boisé. Le mot existe en français. Sa forme provençale est devens (ou devès en Haute-Provence).
Le Petit Défens, Le Grand Défens, Montagne du Défens, Le Dévès, Les Dévens, etc

Pied, pié, pey

Pied, pei, peyTous ces mots désignent une hauteur, une colline, comme le mot « colle » mais pied est une mauvaise traduction en français des deux autres. Le mot français équivalent est puy. On rencontre aussi puech, le ch final étant une forme provençale archaïque. On trouve pié ou pey dans de nombreux noms de lieux-dits. Parfois même sous la forme pi ou . Ils sont présents dans certains noms de communes :
pey : Peypin, Peynier, Peyruis
pui : Puimichel, Puimoisson
puy : Puyloubier, Puyricard

Près de Manosque, une colline est appelée le « Pimayon ». Son nom exact est « pei mayor » le sommet majeur ou principal car plus élevé que les autres situés dans son voisinage.

Une mauvaise traduction en français donne parfois des résultats aberrants comme cette « plaine du Poissonnier » au-dessus de Moustiers-Sainte-Marie dans les gorges du Verdon. D’abord, ce n’est pas une plaine mais une colline, ensuite, son vrai nom est « pey saunié » le mont du sel !

Font, foux

Font désigne une source. On le trouve parfois sous la forme fouent ou fouant : La Font, Font-Michel, Font-Chaude, Font Blanche et aussi le célèbre village de Fontvieille. Le mot est parfois amalgamé à un adjectif : Foncabrette. Une source à fort débit prend le nom de foux (prononcé fous en provençal) : La Foux, La Foux d’Allos, etc

Riou, riaille

Riou, riailleUne source peut donner naissance à un ruisseau c’est à dire à un riou ou une riaille. Riou est l’équivalent du mot français « ru » (bien connu des cruciverbistes !) et de « rio » en espagnol. On peut le touver sous différentes orthographes : rieu, rioux, rioulas (augmentatif). Il est à l’origine de certains noms de lieux tels que : Le Riou Blanc, Le Rieu froid, Le Riou du Pont, etc

Riaille à la même origine latine que riou. La forme masculine riau se retrouve souvent en français sous le nom Réal sans que l’on comprenne le rapport avec le sens « royal » que ce mot a en français. Le Réal est le nom du ruisseau qui passe à Jouques. Près de Banon, une rivière se nomme tout simplement : la Riaille.

Source

Je recommande la lecture de :

Petit dictionnaire des Lieux-dits en Provence, Philippe Blanchet, Edition Librairie Contemporaine. 2003

©copyright randomania.fr

Partager sur FacebookPartager par mail

8 réflexions au sujet de « Petit cours de toponymie provençale 2 »

  1. Bonjour
    C’est une normande qui passe par chez vous, une normande amoureuse des mots et de leur histoire. Je recherche pour ma fille qui s’est installée à Seillon source d’Argens dans le var la signification du nom de sa rue : chemin de Vaoucrouite. Aucune commune ne portant ce nom il s’agit sans doute d’un lieu dit. J’ai parcouru plusieurs sites mais n’ai pas pu trouver e mot. Ignorante que je suis de la langue provençale, j’ai travaillé par hypothèse, peut-être s’agirait-il de deux mots accolés vaou et crouite ? Mais je n’ai guère avancé davantage. L’un d’entre vous saurait-il m’éclairer et voudrait-il bien le faire ? Avec tous mes remerciements pour l’attention que vous prêterez à mon message. Isamatelote
    [ndlr] de vaou (vallat, petit vallon) et crouis (crouset, croix) qui, dans le Var, est une pâte de farine de froment découpée en carrés puis cuite en couches poivrées, parsemées de noix et fromage en poudre.

  2. La toponymie réclame une procédure historique rigoureuse. On faut faire l’inventaire des formes attestées et établir le nom/ Ce que l’on récupère en français n’est général qu’un résidu, déformé … Et naturellement nos archives ne sont pas en français. On ne le parle et ne l’écrit que de date récente.
    S’il s’agit bien de l’occitan « recensa » il peut s’agit d’une relation ?? avec le retraitement des grignons pour en faire une huile de seconde catégorie. Encore faut il trouver le mot en contexte et vérifier la situation géographique.

  3. sur la terminaison on A mon avis c est le provençal oun qui écrit on défensus devient defensoun ou défensoun qui devient en Français défenson…..lieu frappé d interdiction ramasse bois ou accès aux animaux interdit…

  4. Bonjour

    J’ai trouvé 3 fois avec des orthographes variables le nom Devenson ou devançon (calanques de Marseille, sainte victoire, Mons dans le Var.
    Pouvez-vous me renseigner sur sa signification ?
    Avec mes remerciements
    cordialement
    [ndlr]selon moi même signification que defens ; le devens provençal est une zone assez réduite en général située sur un coteau bien exposé et boisé. Autrefois la plupart des communes en avaient un. L’origine est latine ‘defensus’. Si l’on s’en tient à l’origine, il vaudrait mieux écrire Devenson… Quant au suffixe -on, j’hésite sur sa signification.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *