Les origines du monastère
Si vous avez fait la balade *** les gorges de Trévans, vous êtes peut-être montés jusqu’à la chapelle Saint-André dont les ruines surplombent d’un côté les magnifiques gorges de l’Estoublaïsse, de l’autre, le ravin du pas de l’escale où coule le Clovion.
Aujourd’hui, ces ruines semblent bien insolites dans ce décor vaste et désolé et leur histoire semble être définitivement sortie de la mémoire des hommes. On peine à penser, qu’un jour, il se soit passé quelque chose, là, sur ce piton rocheux ignoré de tous.
Et pourtant, ce lieu a été le théâtre d’événements importants, soit paisibles, soit tragiques, des événements que je vais essayer de vous raconter à la lumière des rares documents concernant ce lieu.
Au XIIIe siècle, Jacques Apérioculos, seigneur de Gaubert et de Trévans fonde en ce lieu un monastère. Cet établissement qu’il place sous le vocable de Saint-André-du-Désert accueille des moines de l’ordre de Notre-Dame du Mont Carmel que le roi de France Louis IX a ramenés de Terre Sainte, en 1254, lors de la septième croisade.
Le monastère connaît d’abord une longue période de prospérité mais au XVe siècle, il n’est plus qu’un prieuré rural que l’évêque de Riez, Jean Faci, se fait céder, en 1450, pour y fonder un nouveau monastère.
Des temps troublés
Le XVIe siècle est un siècle de troubles marqué par les guerres de religion. En 1559, Antoine Richieu de Mauvans, acquis aux idées de la Réforme, s’empare du monastère de Trévans et le saccage. L’année suivante, son frère Paulon de Mauvans, à la tête de ses milices protestantes, sème à son tour, la terreur dans la région.
Poursuivi par l’armée catholique, il se réfugie avec ses troupes dans le monastère de Saint-André-du-Désert dont il renforce les fortifications. Le comte de Tende, gouverneur de la province, tente alors de déloger Mauvans de sa retraite perchée. Le baron de la Garde, envoyé en reconnaissance, est accueilli par un feu tellement nourri de la part des huguenots, qu’il se retire aussitôt et pousse le comte à négocier avec les insurgés. Une entrevue de conciliation aboutit à l’évacuation du monastère sans effusion de sang.
En 1574, les protestants se réfugient à nouveau dans le monastère et y établissent leur quartier général. Jean-Baptiste de Pontevès, comte de Carcès et lieutenant général en Provence, parvient à les déloger et, pour empêcher que les protestants s’y réfugient à nouveau, fait raser les fortifications et les bâtiments au nom du roi de France Henri III. Les religieux se retirent alors définitivement du monastère de Trévans pour s’installer à Estoublon et à Saint-Jurs où ils se maintiendront jusqu’à la Révolution.