L’aqueduc de Forcalquier

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Vous avez fait la balade Forcalquier, découverte de son aqueduc de plus de 500 ans. Randomania… vous en dit plus.

L’histoire de l’aqueduc

Comme partout en Provence, l’approvisionnement de Forcalquier en eau a toujours été le souci constant de ses édiles et une source d’inquiétude permanente pour ses habitants. Nous sommes à la fin du XVème siècle. La ville haute ne manque pas d’eau grâce à un curieux phénomène de capillarité. L’eau contenue dans la nappe phréatique remonte à travers les couches tendres de safre qui composent la colline. Au contact des dalles calcaires qui surmontent ces couches, l’eau cesse de remonter et ruisselle le long des roches compactes jusqu’à former une véritable source.

safre : en Provence, ce mot désigne une argile limoneuse durcie et agglutinée, qu’on retrouve en amas isolés dans les terrains occupés à diverses époques par le cours de la Durance.
(d’après le dictionnaire sensagent)

C’est à cette « source du rocher » que Forcalquier doit son nom, à cette Font Calquier citée dans les chartes comtales et les poèmes des troubadours occitans (d’après Jean-Yves Royer).

La ville basse, elle, ne profite pas de cette manne et ne dispose d’aucune source. Pour s’approvisionner en eau, les habitants doivent se rendre aux lavoirs publics qui se trouvent en dehors de la ville, l’un à la Bonne Fontaine, l’autre à la fontaine de la Louette.

Selon la tradition, en 1495, les moines Cordeliers (installés à Forcalquier depuis 1236) proposent au conseil communal un plan d’adduction d’eau qui alimenterait la ville basse au moyen de deux fontaines. Pour cela, il faut construire un aqueduc qui capterait l’eau provenant de trois sources situées dans le vallon des Arnauds pour l’amener jusqu’au cœur de la ville.

La fontaine Saint-Michel

La construction de cet aqueduc constitua pour l’époque un chantier considérable : on dut construire une galerie souterraine de trois kilomètres avec un château d’eau et des bassins de décantation, tailler des conduites de pierres, ouvrir une nouvelle rue, la rue Neuve, construire deux places avec, sur chacune d’elle, une fontaine : la fontaine Saint-Michel et la fontaine Saint-Pierre. Cela dut représenter aussi une dépense importante pour une ville qui ne devait compter guère plus de mille habitants.

Cyprien Bernard nous apprend que le prix-fait des aqueducs pour la fontaine Saint-Michel est donné à François Vélixandre, fontainier à la Tour d’Aigues et celui des aqueducs de la fontaine Saint-Pierre à Nicolas Blanchard peirier à Forcalquier. En outre, ce dernier est chargé de la construction des deux fontaines tandis que les travaux de sculpture sont confiés à Pierre Garcin. Toujours selon Cyprien Bernard, les blocs de pierre qui servirent à la construction des fontaines furent apportés des carrières de Fontienne et de Mane.

Les travaux s’achèvent le 22 juillet 1512. Ce jour-là, l’eau coule pour la première fois aux deux fontaines nouvellement construites. La statue de Saint-Michel terrassant le dragon n’est placée au sommet de la grande fontaine qu’en septembre.

Ensuite, toute la population de Forcalquier est conviée à une procession générale pour inaugurer les deux places, les deux fontaines et la rue Neuve.

« Toutes les cloches, en branle, annoncèrent cette heureuse nouvelle, le Conseil de ville fit battre les tambours, souffler les flûteurs, et sonner la grosse trompette, on entendait par les rues que cris de joie, et de nombreux groupes d’habitants se livrent à la gaieté, en chantant et en farandolant par la ville. […] On tira les couleuvrines sur le plateau de la citadelle et des feux de joie furent allumés dans les principaux quartiers du pays. »

Nous apprenons également que : « La placette Saint-Pierre devint le lieu où se réunissait le guet et où siégeait la justice municipale. Les jugements se rendaient toujours en plein air, le magistrat assis sur un banc de pierre. »

Par la suite, on utilisa l’aqueduc pendant au moins deux cent cinquante ans avant son abandon définitif pour des raisons que nous ignorons. On sait par un prix-fait, concernant des travaux de réfection, qu’il était encore en service en 1730.

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Le monastère de Trévans

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Les origines du monastère

Si vous avez fait la balade *** les gorges de Trévans, vous êtes peut-être montés jusqu’à la chapelle Saint-André dont les ruines surplombent d’un côté les magnifiques gorges de l’Estoublaïsse, de l’autre, le ravin du pas de l’escale où coule le Clovion.

Aujourd’hui, ces ruines semblent bien insolites dans ce décor vaste et désolé et leur histoire semble être définitivement sortie de la mémoire des hommes. On peine à penser, qu’un jour, il se soit passé quelque chose, là, sur ce piton rocheux ignoré de tous.

Et pourtant, ce lieu a été le théâtre d’événements importants, soit paisibles, soit tragiques, des événements que je vais essayer de vous raconter à la lumière des rares documents concernant ce lieu.

Au XIIIe siècle, Jacques Apérioculos, seigneur de Gaubert et de Trévans fonde en ce lieu un monastère. Cet établissement qu’il place sous le vocable de Saint-André-du-Désert accueille des moines de l’ordre de Notre-Dame du Mont Carmel que le roi de France Louis IX a ramenés de Terre Sainte, en 1254, lors de la septième croisade.

Le monastère connaît d’abord une longue période de prospérité mais au XVe siècle, il n’est plus qu’un prieuré rural que l’évêque de Riez, Jean Faci, se fait céder, en 1450, pour y fonder un nouveau monastère.

Des temps troublés

Le XVIe siècle est un siècle de troubles marqué par les guerres de religion. En 1559, Antoine Richieu de Mauvans, acquis aux idées de la Réforme, s’empare du monastère de Trévans et le saccage. L’année suivante, son frère Paulon de Mauvans, à la tête de ses milices protestantes, sème à son tour, la terreur dans la région.

Poursuivi par l’armée catholique, il se réfugie avec ses troupes dans le monastère de Saint-André-du-Désert dont il renforce les fortifications. Le comte de Tende, gouverneur de la province, tente alors de déloger Mauvans de sa retraite perchée. Le baron de la Garde, envoyé en reconnaissance, est accueilli par un feu tellement nourri de la part des huguenots, qu’il se retire aussitôt et pousse le comte à négocier avec les insurgés. Une entrevue de conciliation aboutit à l’évacuation du monastère sans effusion de sang.

En 1574, les protestants se réfugient à nouveau dans le monastère et y établissent leur quartier général. Jean-Baptiste de Pontevès, comte de Carcès et lieutenant général en Provence, parvient à les déloger et, pour empêcher que les protestants s’y réfugient à nouveau, fait raser les fortifications et les bâtiments au nom du roi de France Henri III. Les religieux se retirent alors définitivement du monastère de Trévans pour s’installer à Estoublon et à Saint-Jurs où ils se maintiendront jusqu’à la Révolution.

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